Depuis le début de l’année, Haïti fait face à une sécheresse persistante au niveau de diverses zones agro écologiques du pays et à une tendance à la hausse des prix des produits de base. A cela s’ajoute la situation préoccupante des rapatriés de la république Dominicaine.
La sécheresse sévissant sur le pays depuis le début de l’année a considérablement affecté la campagne agricole de printemps, la principale campagne agricole au niveau national (elle représente plus de 50% de la production nationale annuelle). Les pertes de récoltes sont estimées à plus de 50% par rapport à la normale. La sécheresse persiste encore au niveau des différentes zones alors que la 2e période de semis (campagne d’été) touche à sa fin. Par ailleurs on anticipe des perspectives sombres pour la 3e campagne (automne-hiver) dans la mesure où, selon les prévisions, il est fort probable que «el niño» persiste jusqu’au début de l’année 2016, période à laquelle il devrait graduellement décliner.
En raison des pertes de récoltes, très peu de produits locaux sont disponibles sur les marchés et les prix ont considérablement augmenté : Les prix du maïs moulu ont augmenté de 20 à 50% et ceux du haricot de 80 à 130% par rapport à l’année dernière. Les produits importés tendent également à augmenter au cours de ces derniers mois en raison de la dépréciation du taux de change: les prix du riz importé ont augmenté de 5 à 10%, ceux de la farine de blé de 13 à 39% par rapport à l’année dernière.
Le dernier bulletin de perspectives CNSA/FEWSNET identifie 37 communes en phase 3 de l’IPC (crise) sur la période octobre-décembre 2015. Cette situation risque de s’empirer jusqu’aux prochaines récoltes de printemps prévue pour mai/juin 2016 voire.
On estime entre 300,000 et 560,000, le nombre de personnes en crise au niveau des 37 communes et qui nécessitent, selon le protocole IPC, des actions urgentes pour protéger leurs moyens d’existence, prévenir la malnutrition et les décès.
Sans une réponse ciblée à cette situation d’insécurité alimentaire causée par la sécheresse, la situation va continuer à se dégrader durant les prochains mois jusqu’aux prochaines récoltes de la campagne agricole de printemps (mai-juin 2016).
Dans les zones les plus affectées, la CNSA recommande des interventions d’urgence afin d’améliorer l’accès à la nourriture ainsi que des activités plus structurant allant dans le sens de la maitrise de l’eau. Les interventions prioritaires proposées par la CNSA sont les suivantes :
- renforcement des mécanismes de surveillance ;
- renforcement du financement des services préventifs et de prise en charge de la malnutrition afin de maintenir au minimum les services disponibles ;
- mise en place immédiate d’activités à haute intensité de main d’œuvre jusqu’au début de la prochaine campagne agricole (février/mars 2016), afin de créer des opportunités d’emploi pour les ménages comptant des membres aptes à travailler ;
- distribution de semences adaptées et outils agricoles de base ;
- renforcement des programmes de filet de sécurité alimentaire tels que des distributions de coupons alimentaires, des transferts monétaires ou des distributions alimentaires, en ciblant les ménages les plus vulnérables ;
- renforcement du financement des programmes d’alimentation scolaire.
- réhabilitation de systèmes d’irrigation ;
- construction de systèmes d’irrigation ;
- construction de retenus collinaires ;
- construction de citernes familiales et communautaires ;
- renforcement des capacités d’adaptation des agriculteurs et de leurs organisations de base ;
- promotion de pratiques agricoles et environnementales résilientes à la sécheresse.
Appui pour la mise en application des plans départementaux élaborés récemment par les tables sectorielles départementales en vue de répondre à la sécheresse.
Création d’avantage de passerelles entre les acteurs dits de développement et les acteurs humanitaires afin de s’assurer de mettre en place des interventions de réponse adaptées à une situation de crise structurelle.